J'ai été ensorcelée dès mon plus jeune âge par ce pays, pourtant inconnu. Tel un aphrodisiaque, le Mexique est le fruit d'un mélange d'ingrédients subtils... Que je me devais bien d'évoquer ici, ne serait-ce que pour donner l'eau à la bouche aux passionnés, et aux autres.
Tel un aphrodisiaque, le Mexique est le fruit d'un mélange d'ingrédients subtils et envoûtants. Un soupçon de mélodie espagnole, une pointe de mystères naturels et une touche de vestiges mayas. Malgré la distance, les 9.000 km et le géant Atlantique qui nous séparent, les effluves mexicaines agissent sur mon cœur et ma raison.
Elles me poussent à aimer d'une passion ardente et inexplicable ces terres lointaines, devenues source de fantasme les années passant. Soif de découverte au détour de la colossale capitale mexicaine. Désir d'une alliance avec la végétation luxuriante et variée du pays. Envie d'un pèlerinage à travers les lieux symboliques du passé. Et bien sûr, volonté de rencontrer cette population atypique. Aussi, ce premier voyage à l'été 2006 est une évidence. Vingt-et-un ans, une valise, l'amalgame entre l'excitation et l'appréhension et les coordonnées de ma famille d'accueil en poches, et me voilà propulsée en quelques heures en pleine rêverie.
Guanajuato – Août 2006
(Magnusvk)
Arrivée sous la pluie de Guanajuato, la nuit tombante. Et déjà les odeurs et les sons m’enivrent. Le parfum du déluge, l'arôme des mets concoctés par la maîtresse de maison, le bouquet de senteurs qui resteront à jamais imprégnées à ma chair. Et la première nuit, loin d'être silencieuse, apporte son lot de sonorités qui me sont devenues familières par la suite. Les sirènes de police intenses et répétitives, et le sifflement du vendeur de lait aux premières heures du matin. Durant ces cinq semaines passées à Guanajuato, mes sens sont en éveil. Je m'efforce d'enregistrer les moindres couleurs, les moindres sensations. Aujourd'hui j'ai encore le goût de ces galettes au sirop d'érable préparées chaque matin par mon hôtesse, ou de ces «sopas aztecas», semblables à nulles autres. Et pour la première fois, je me sens nourrie. Les rencontres que j'ai pu faire au cours de ce séjour n'y sont pas étrangères. Je vis chez un couple de retraités avides d'histoire et disposés à me faire découvrir les coutumes mexicaines. J'étudie dans une école où des jeunes gens du monde entier viennent parfaire leur espagnol. C'est cela Guanajuato: cet amalgame entre les odeurs grisantes et variées, les sonorités vives et continues, l'alliage entre un passé coloré et les habitants empreints de cette double personnalité paradoxale qu'est la loufoquerie et la sagesse.
Mexico ciudad – Août 2006
(Cromo)
Si je devais définir ce pays, je dirais que le Mexique se caractérise par ce bouillonnement de vie à chaque instant, à chaque coin de rue, dans chaque regard. Là bas tout est grand, presque disproportionné. En témoigne la capitale mexicaine: effrayante de par sa taille et ses millions d'habitants. Un concentré de culture et de hauts lieux. Chaque mètre parcouru à travers ses artères promet d'être à coup sûr une aventure de tous les instants. L'exemple du métro est symptomatique. Rapide, pullulant d'usagers, angoissant presque. Chacun des arrêts aux différentes stations fait monter crescendo l'adrénaline qui est en moi. Puis c'est le terminus, la tension redescend. Pour un court moment tout du moins. Au cours de mon passage dans la capitale, je me devais de me rendre dans la cité de Teotihuacan. Et là on y est, dans le cœur du Mexique. Le jour de ma visite, il fait un temps orageux. Un détail qui pourrait passer pour anodin, sauf que ce jour là, la montée des pyramides conjuguée aux éclairs dans le ciel rendent ce moment magique. Entre l'impression d'un rêve qui va mal tourner et la béatitude de l'instant. Et cette ultime sensation que les entrailles du Mexique se fondent dans les miennes, pour ne former qu'un tout.
Campeche – Septembre 2007
(Jungle_Boy)
Un an s'est écoulé après les odeurs et le vendeur de lait de Guanajuato, et le tumulte de la capitale mexicaine. Et me revoilà plongée dans ce cher Mexique, à Campeche, une charmante ville située dans la péninsule du Yucatán. A mon arrivée, un sentiment de familiarité m'envahit: les maisons colorées me rappellent les bâtisses de Guanajuato, tandis que je retrouve les sonorités de la langue espagnole et ce doux parfum de convivialité qui émane des habitants. Cette fois l'odeur de la mer vient s'ajouter à ce panel de senteurs. Une brume salée vient se poser sur mes lèvres le soir, au coucher du soleil. Un moment unique, féerique, que beaucoup de promeneurs viennent admirer à la nuit tombée. Puis le jour se lève et me plonge dans un nouvel univers: la jungle mexicaine, située à quelques heures en voiture de la ville. Des singes au dessus de ma tête, des pumas cachés dans les fourrés et des arbres qui n'en finissent pas. J'éprouve alors un sentiment semblable à celui que j'avais éprouvé lorsque j'étais, un an plus tôt, au sommet des pyramides de Teotihuacan: je me sens fébrile au milieu de cette végétation à perte de vue. Et plus forte aussi.
Tulum – Septembre 2007
Cette sensation ne me quitte pas jusqu'à ma dernière étape: Tulum. Enveloppée d'une mer couleur turquoise et auréolée d'une faune et d'une flore délicates, chaque parcelle de terre, de sable ou de mer est un espace à préserver. Cette fois c'est elle, c'est cette nature qui devient chétive. Ces poissons plongés dans des grottes aux eaux couleur émeraude, pareilles à la peau des iguanes. Durant deux semaines j'ai partagé leur quotidien. Je me suis émerveillée devant ce concentré de beauté naturelle. Envolées les appréhensions éprouvées face à un territoire inconnu, annihilées les peurs à l'encontre de ce qui m'est étranger.
France – Mai 2010 (toujours valable en septembre 2012)
Je garde le souvenir d'un vaste territoire aux richesses multiples, où les moindres choses prennent des proportions démesurées. Les sentiments et les sensations sont exacerbés, de même que les sens sont maintes et maintes fois éprouvés. Tel un songe, me voilà marquée au plus profond de mon être, de ce souvenir enchanté qui vient caresser encore aujourd'hui mon imagination. Et c'est éveillée que je me fais la promesse, d'un jour retourner dans ce pays qui m'a tant apporté (ce qui est d'autant plus vrai en 2012 que je viens de m'apercevoir qu'une grande partie de mes photos s'est mystérieusement envolée...)
(Concours Libération-Apaj 2010)